Ce qu’il faut savoir en vue d’une transplantation rénale
En vue d’une transplantation rénale, une consultation avec un néphrologue et un important bilan médical sont indispensables pour en déterminer la faisabilité. Le néphrologue et l’infirmière coordinatrice de transplantation vous accompagneront tout au long de ces étapes pré-greffe et assureront votre suivi médical une fois greffé.
L’étape pré-greffe
Consultation avec votre néphrologue
Cette consultation est avant tout un échange destiné à vous informer du parcours menant à la transplantation, de ses bénéfices et des inconvénients. Lors de ce rendez-vous, le néphrologue responsable de la transplantation rénale recueille votre motivation personnelle par rapport à la greffe, vos habitudes de vie et les informations sur votre état de santé général. Il s’assure également que vous n’avez pas de contre-indication temporaire ou définitive à l’intervention.
La majorité des patients en insuffisance rénale peuvent être candidats à la greffe. Cependant, en cas de cancer en évolution, de maladie infectieuse ou cardio-vasculaire sévère, la transplantation n’est envisageable qu’après le traitement de ces pathologies.
Par ailleurs, votre néphrologue vous communiquera toutes les informations indispensables à la greffe :
Les deux modalités de greffe possibles :
- à partir d’un donneur décédé (85 % des cas) : le prélèvement peut être effectué sur une personne en état de mort cérébrale ou, plus rarement, après un arrêt cardio-circulatoire sous certaines conditions. Toutefois, la transplantation n’est possible qu’avec un donneur ayant le même groupe sanguin ABO que le vôtre
- à partir d’un donneur vivant : les lois de bioéthique permettent qu’un proche volontaire et en bonne santé puisse faire don d’un rein (conjoint, frère, sœur, parents, oncles, tantes, cousins, ou toute personne apportant la preuve d’une relation étroite et durable d’au moins 2 ans).
Les étapes préalables à la greffe
Pour pouvoir recourir à la transplantation, il est demandé d’effectuer un bilan pré-greffe constitué de plusieurs examens. C’est à l’issue de ce bilan que l’avis définitif à la transplantation pourra être rendu.
La liste d’attente et le délai
Qu’il s’agisse d’une transplantation provenant d’un donneur vivant ou décédé, il est indispensable d’être inscrit sur la liste d’attente nationale. À partir d’un donneur décédé, le délai d’attente dépend du groupe sanguin et est, en moyenne, de 3 ans.
L’intervention chirurgicale et le suivi postopératoire
Le traitement médicamenteux
La transplantation nécessite de prendre un traitement à vie (immunosuppresseurs) visant à limiter les risques d’infection. Ce traitement diminuant les réponses immunitaires, il est donc aussi nécessaire de prendre des médicaments complémentaires.
L’hygiène de vie qu’implique la greffe
le fait de vivre avec un rein transplanté demande une bonne hygiène de vie, qui permettra de favoriser sa longévité (tabac proscrit, alimentation contrôlée…).
Cette consultation, d’une durée d’1 h environ, permet ainsi au néphrologue d’étudier la faisabilité d’une greffe en s’appuyant sur différents éléments. Profitez également de ce rendez-vous pour lui poser toutes vos questions.
Bilan pré-greffe
À l’issue de ce rendez-vous, vous vous entretiendrez avec l’infirmière coordinatrice de transplantation. Elle vous demandera de signer plusieurs documents :
- l’autorisation d’avoir recours à un donneur ayant rencontré le virus de l’hépatite B si vous-même êtes protégé
- l’autorisation d’avoir recours à un donneur prélevé après arrêt circulatoire contrôlé. Ce programme mis en place en France depuis 3 ans est satisfaisant en termes de résultats
- une attestation sur l’honneur qui certifie que vous n’êtes pas inscrit et ne vous inscrirez pas dans un autre centre de transplantation.
Par la suite, l’infirmière coordinatrice se chargera de planifier différents examens pour réaliser le bilan pré-greffe comprenant :
- des examens sanguins (groupe sanguin, groupe tissulaire, analyse de la sérologie virale pour connaître votre immunité face à certains virus…)
- des analyses d’urine
- des examens radiologiques
- des explorations cardio-vasculaires et digestives
- des consultations psychologiques, anesthésiques et chirurgicales
- éventuellement, d’autres examens complémentaires, en fonction de vos pathologies.
Ce bilan peut paraître long et fastidieux, mais il est une garantie de sécurité pour le bon déroulement de la greffe. Une fois réalisé, l’équipe de transplantation rend son avis. Si celui-ci est favorable, l’infirmière coordinatrice pourra vous inscrire sur la liste d’attente nationale.
Cette inscription est obligatoire, même si la transplantation provient d’un donneur vivant. Vous recevrez une lettre de confirmation de l’Agence de la biomédecine.
La durée d’attente de la greffe
La durée d’attente de la greffe est l’une des principales interrogations, et dépend de nombreux facteurs, dont le principal reste le donneur.
En cas de donneur vivant, l’infirmière coordinatrice organisera son accompagnement, de l’information sur le don de vivant jusqu’à son bilan médical. Dans ce cas, la date de l’intervention peut être programmée. Entre le début du bilan du donneur et la transplantation, il s’écoule, en général, moins de 6 mois mais parfois plus, si certains examens sont anormaux.
S’il est prévu que le greffon provienne d’un donneur décédé (mort cérébrale ou arrêt cardio-circulatoire), vous devrez impérativement être joignable 24h/24 afin de pouvoir recevoir l’appel de greffe et suivre les indications de votre interlocuteur pour vous rendre à l’hôpital (à jeun à partir de l’appel). Après l’intervention, vous resterez hospitalisé de 2 à 4 semaines en surveillance postopératoire.
L’intervention chirurgicale
Réalisée par l’équipe de chirurgie, cette intervention sous anesthésie générale dure généralement près de 3 h.
Le greffon est placé au-dessus du pli de l’aine, relié à votre vessie. Vos deux reins restent en général en place, sauf nécessité contraire. Le chirurgien insère une sonde dans l’uretère du greffon (le conduit qui amène l’urine du rein à la vessie), de façon à protéger la cicatrisation de la vessie. Cette sonde sera retirée en consultation, par voie naturelle, vers le deuxième mois post-greffe.
Après votre passage en SSPI (salle de réveil), votre surveillance médicale nécessitera plusieurs appareillages provisoires :
- des perfusions pour favoriser l’hydratation et délivrer les médicaments
- une sonde urinaire pour faciliter la cicatrisation de la vessie et effectuer des prélèvements urinaires
- des drains aspiratifs.
Cette surveillance permet de s’assurer de l’absence de complications dues à l’intervention et de vérifier les fonctions rénales. Ces appareillages seront retirés au bout de quelques jours et vous retrouverez votre autonomie. Votre reprise de fonction rénale peut être plus ou moins rapide, ne vous découragez pas. Dans un tiers des cas, une ou plusieurs séances de dialyse peuvent être nécessaires en attendant que le rein ne reprenne sa fonction.
Après avis médical, votre retour à domicile sera programmé. Une infirmière pourra éventuellement effectuer des passages à domicile pour réaliser les soins nécessaires ; les agrafes pourront être retirées par le néphrologue au bout de 21 jours.
Le suivi postopératoire
La transplantation permet le retour à une vie sans dialyse, mais rythmée par la prise quotidienne de médicaments, plusieurs consultations médicales, et l’importance d’une alimentation appropriée.
En effet, à la suite de votre intervention, un traitement immunosuppresseur vous sera prescrit. Ces médicaments, encore appelés « anti-rejet », sont indispensables pour que votre organisme accepte le greffon. Il s’agit d’un traitement qui ne doit jamais être interrompu sans l’avis de votre médecin.
Ce traitement peut affaiblir votre résistance immunitaire et certains aliments peuvent modifier la concentration des médicaments dans le sang. Aussi, pour vous aider à obtenir un équilibre serein, une diététicienne vous fournira des recommandations alimentaires personnalisées.
Un suivi médical post-greffe sera mis en place, avec des consultations :
- chaque semaine pendant 3 mois
- tous les 15 jours jusqu’à 6 mois
- une fois par mois jusqu’à 1 an
- tous les 2 mois après la première année (un bilan approfondi sera réalisé un an après la greffe).
Lors de ces consultations, un examen clinique sera effectué (tension artérielle, poids, température, palpation de l’abdomen…) et les résultats de la prise de sang seront analysés. Le néphrologue pourra réajuster, si nécessaire, la posologie des médicaments.
Pour vous aider à gérer au mieux votre vie après une transplantation, il est possible d’avoir recours à l’éducation thérapeutique. Il s’agit d’un ensemble d’activités, d’informations et d’apprentissages pour vous accompagner, individuellement ou en groupe, dans la gestion de la maladie. Une application Smartphone, NEPHROWISE, développée par le service de néphrologie de l’Hôpital Foch, vous sera proposée pour permettre votre suivi à distance entre les consultations.
La reprise des activités
Lors de votre hospitalisation, vous pourrez vous déplacer et retrouver une autonomie. L’acte chirurgical et la cicatrice peuvent entraîner quelques douleurs musculaires et tissulaires qui disparaîtront à la fin de la cicatrisation.
Si vous ne présentez pas de contre-indication médicale, il est conseillé de reprendre rapidement une activité physique, comme la marche, le vélo ou la natation. Cependant, en raison de contacts physiques pouvant parfois être violents, les sports de combat ou collectifs (football, volley…) sont à éviter.
À retenir
Si la transplantation rénale génère différentes contraintes imposées par les traitements, les consultations de suivi, les examens, l’hygiène de vie…, elle améliore grandement la qualité et l’espérance de vie. La transplantation reste donc le traitement privilégié dans l’insuffisance rénale terminale.
Pour toute information complémentaire, contactez l’infirmière coordinatrice de transplantation de l’Hôpital Foch au : 01 46 25 23 03.
Vous pouvez aussi consulter le site web de l’Agence de la biomédecine :