Les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle, offrent des perspectives formidables à la médecine. Quelles sont les innovations en cours ou à venir en imagerie ?
Dr François Mellot : En imagerie médicale, l’utilisation des nouvelles technologies, et en particulier celles faisant appel à l’intelligence artificielle, est une opportunité unique d’évolution, en particulier pour accroître la qualité et la précision de nos diagnostics. L’intelligence artificielle est un domaine important sur lequel nous travaillons en collaboration étroite avec les ingénieurs concepteurs de ces produits et algorithmes, afin de les développer, les améliorer et les rendre plus performants et cohérents avec nos besoins. Un de nos projets au cours du premier trimestre 2020, consiste à mettre en place un outil qui pourra faciliter l’interprétation des radios faites pour les patients des urgences : en particulier radios du thorax et des extrémités osseuses (pieds, poignets, mains).
Dans un domaine qui nous est cher, nous espérons que l’intelligence artificielle va nous permettre d’optimiser le dépistage du cancer pulmonaire. Nous souhaitons mettre ce projet en place dans les mois à venir pour aider à la détection des petits cancers ou pour aider à caractériser des anomalies découvertes chez des patients à risques.
Toutes ces nouvelles technologies d’intelligence artificielle représentent une véritable opportunité pour répondre à une demande d’imagerie très forte, nous assister dans certaines tâches simples ou répétitives. Toutefois, elles ne remplacent en rien notre mission d’interprétation, qui dépend aussi du contexte personnel de chaque patient. Pour garantir une prise en charge la plus adaptée et personnalisée, nous coopérons toujours étroitement avec les cliniciens, les chirurgiens, les biologistes, les anatomopathologistes…
L’Hôpital Foch prend activement part à des nombreux protocoles de recherche clinique. Quel est votre rôle dans ce domaine ?
Dr François Mellot : L’imagerie étant toujours un des critères majeurs pour évaluer l’efficacité des soins en cours, nous participons à un grand nombre de protocoles de recherche clinique ouverts dans l’établissement. Avec les nombreux traitements innovants testés et mis en place actuellement, notamment en oncologie (nouvelles thérapeutiques ciblées, immunothérapie…) et en urologie, un grand champ s’ouvre en médecine, et, en ce domaine, l’imagerie est toujours un acteur incontournable.
Quels sont les points forts du service d’imagerie de l’Hôpital Foch ?
Dr François Mellot : Grâce notamment à nos 3 machines d’IRM, nous disposons d’une belle diversité d’outils diagnostiques : les patients sont orientés sur l’IRM la plus adaptée à leur pathologie en fonction des spécificités de chaque machine en particulier en neurologie, en oncologie ou encore en imagerie cardiaque. Nous nous efforçons par ailleurs de fluidifier au maximum les rendez-vous et d’optimiser les délais. Le programme « SOS diagnostic poumon » est un exemple des projets dans lesquels nous sommes engagés pour offrir aux patients une prise en charge adaptée à chaque situation
Ce programme lancé à l’Hôpital Foch l’an dernier et dédié aux patients présentant une suspicion de tumeur pulmonaire a pour objectif de réaliser l’ensemble du bilan (imagerie, biopsies, diagnostic précis du type de tumeur, évaluation préthérapeutique, examens préopératoires éventuels) en moins de dix jours. C’est un véritable défi. En raison d’un grand nombre d’examens à effectuer, nous faisons appel à une coordinatrice du service de chirurgie thoracique, qui travaille en lien avec les autres spécialités, à la fois pour éviter de multiples déplacements aux patients, et raccourcir au maximum les délais de rendez-vous. En amont, nous préréservons des places pour ces patients sur l’un de nos scanners, et nous avons en projet l’acquisition d’une troisième machine, dans le but d’une meilleure efficacité dans la gestion du nombre de demandes parvenant au service d’imagerie.
L’Hôpital Foch prend en charge chaque année plus de 300 nouveaux patients atteints d’un cancer du poumon. L’objectif poursuivi par tous les acteurs de cette filière (chirurgiens, pneumologues, oncologues, radiologues, médecins nucléaires, anatomopathologistes, biologistes) est que tous ces patients puissent à terme bénéficier de ce programme.
Comment les examens se déroulent-ils concrètement dans le service d’imagerie diagnostique et interventionnelle ?
Dr François Mellot : Notre service, ouvert 24h/24, propose une offre très large d’examens d’imagerie (scanner, IRM, échographie, radiologie conventionnelle), à la fois pour les patients externes, les patients des urgences, et les patients hospitalisés, à la demande des différents services de l’hôpital. Toutes les nuits, deux radiologues assurent la permanence des soins l’un pour l’imagerie diagnostique, l’autre pour la radiologie interventionnelle. Trois manipulateurs de radiologie assurent également la prise en charge nocturne des patients. Nous avons la chance d’avoir dans le service d’imagerie une équipe para médicale très impliquée et motivée. La motivation des équipes est un de nos atouts majeurs dans un contexte pourtant difficile dans le monde hospitalier.
Concernant nos locaux, dans un souci de qualité d’accueil et de prise en charge adaptée, le service d’imagerie a été aménagé, dès sa conception, avec deux circuits séparés, l’un pour les patients externes et l’autre pour les personnes hospitalisées dans notre établissement.
Face à l’accroissement du nombre de patients externes et en ambulatoire, nous nous efforçons d’adapter notre offre en imagerie, d’où notre projet d’acquisition d’un troisième scanner qui sera dédié aux patients externes. Les patients des urgences quand à eux sont pris en charge en imagerie dès que la demande en a été faite par le service d’urgence. L’interprétation de ces scanners ou IRM est pour nous prioritaire afin que nos collègues urgentistes puissent en disposer rapidement et adapter leur prise en charge, par exemple en demandant l’avis complémentaire d’un chirurgien ou d’un autre spécialiste.
La radiologie interventionnelle est un axe majeur de l’imagerie actuelle. Quelles possibilités offre cette discipline ?
Dr François Mellot : La radiologie interventionnelle est un secteur actuellement en pleine expansion. À l’Hôpital Foch, nous souhaitons nous positionner comme des acteurs incontournables. Il s’agit, à l’aide de l’imagerie, de réaliser des interventions mini-invasives. L’objectif est de parvenir au contact d’un organe par différentes procédures per cutanées sans exposer l’organe directement à notre vue. Le but peut être soit d’obtenir un diagnostic (par exemple en faisant une biopsie) soit de réaliser un traitement (par exemple en détruisant une tumeur). Ces traitements peuvent venir en complément ou en remplacement des autres moyens thérapeutiques (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie…)
Notre objectif est d’offrir aux patients toutes les possibilités de traitement, dont les plus innovantes. Nous choisissons en collaboration avec les autres spécialistes le traitement optimal adapté à chaque situation particulière.
Notre service détient une expertise reconnue pour le traitement de certaines tumeurs (en particulier rénales ou pulmonaires) ou pour des procédures de biopsies diagnostiques complexes notamment pulmonaires. À l’Hôpital Foch, chaque année, plus de 200 patients sont soignés dans le service pour une tumeur par l’une de ces interventions mini-invasives
Nous nous efforçons dans le service d’imagerie interventionnelle d’offrir au patient atteint d’un cancer toutes les procédures mini-invasives qui pourraient lui être utiles pendant son parcours de soin. Il peut s’agir de la pose d’une chambre implantable pour délivrer la chimiothérapie comme de la pose d’une sonde de gastrostomie pour aider à la renutrition.
Les domaines concernés par la radiologie interventionnelle ne se limitent pas à la cancérologie. Dans quels autres cas peut-on y recourir ?
Effectivement, nous pouvons aussi être sollicités dans des situations d’urgence. Par exemple, dans le cas d’hémorragies sévères après l’accouchement, pouvant engager le pronostic vital, nous intervenons pour interrompre le saignement en réalisant une embolisation : en introduisant le matériel nécessaire dans l’artère située au pli de l’aine, nous parvenons jusqu’aux vaisseaux de l’utérus pour occlure les artères qui saignent. Nous pouvons réaliser un traitement similaire lors de saignements intra bronchiques sévères se manifestant par une hémoptysie (crachats de sang abondants). Cela concerne des patients suivis à Foch ou souvent des patients qui nous sont adressés par d’autres établissements qui ne disposent pas de cette compétence. Le développement de la radiologie interventionnelle nécessite des investissements très importants de l’hôpital et une implication permanente, mais c’est un domaine passionnant, ce qui permet d’emporter l’adhésion des équipes médicales et para médicales.