Quelles sont les pathologies prises en charge par votre service ?
Dr Franck Haziza : Nous traitons de nombreuses pathologies, notamment toutes les pathologies cardiaques et des vaisseaux, les maladies coronaires (infarctus notamment), les maladies valvulaires, les maladies du muscle cardiaque (cardiomyopathies, insuffisance cardiaque), les maladies du péricarde, et, enfin, les pathologies thrombo-emboliques (phlébites, embolies pulmonaires), mais aussi les troubles du rythme, troubles conductifs.
Depuis peu, vous proposez un traitement du foramen ovale perméable par une procédure micro-invasive. En quoi consiste cette nouvelle activité de cardiologie interventionnelle ?
Dr Hakim Benamer : Le foramen ovale, un orifice embryonnaire situé entre les deux oreillettes cardiaques, reste parfois perméable, il est alors appelé foramen ovale perméable (FOP). Sa présence est souvent sans gravité, mais dans certaines circonstances, il est associé à la survenue d’un AVC. Quand c’est la seule cause potentielle retrouvée, il est conseillé de la fermer pour éviter les récidives.
Dans un premier temps, nous utilisons l’échographie transthoracique et transoesophagienne pour diagnostiquer facilement le FOP et tester sa perméabilité avec une épreuve de microbulles. Si nécessaire, nous pouvons opter pour la fermeture percutanée, qui se déroule en salle de cathétérisme cardiaque sous anesthésie générale. Elle consiste à insérer, par le pli de l’aine (veine fémorale), un petit tube (cathéter) qui permet de remonter dans la veine cave jusqu’au site concerné dans le cœur et de traiter alors le FOP en y implantant une prothèse de part et d’autre de la cloison interauriculaire. Cet acte interventionnel, très peu risqué, permet une sortie de l’hôpital dès le lendemain.
Comment s’organisent les journées dans le service cardiologie ?
Dr Franck Haziza : Les journées commencent par une réunion quotidienne à 9 heures à laquelle participent les médecins séniors, les internes du service, les infirmières, le surveillant et l’assistante sociale. Chaque patient est présenté et fait l’objet d’une discussion. A la fin de cette réunion, l’équipe médicale commence la visite des patients en chambre. C’est à l’issue de cette visite que les sorties du jour sont validées. Parallèlement, les explorations se déroulent tout au long de la journée. En début d’après-midi, les entrants dont l’hospitalisation est programmée sont accueillis dans le service, à l’exception des patients ambulatoires, qui arrivent le matin. Vers 18h, l’équipe se réunit à nouveau pour faire le point sur la journée. Par ailleurs, les patients dont l’état le nécessite peuvent à tout moment être hospitalisées dans le service ou dans l’unité de soins intensifs cardiologiques. Tout au long de la journée, infirmiers et aides-soignants assurent la surveillance et veillent, en coordination avec les médecins, aux besoins des patients. Enfin, chaque mardi après-midi a lieu une réunion de concertation médicochirurgicale où sont discutés les dossiers complexes.
Quelle est la prise en charge interventionnelle des victimes d’infarctus du myocarde ?
Dr Hakim Benamer : Les patients sont le plus souvent adressés par SAMU, mais parfois ils vont directement aux urgences. Dès l’arrivée du patient, un cardiologue interventionnel (une astreinte est assurée 24h/24 et 365j/an) le prend en charge en salle de cathétérisme cardiaque et débouche par voie endovasculaire, l’artère responsable de l’infarctus. Le malade est ensuite surveillé en unité de soins intensifs cardiologiques (USIC). Une réouverture de la coronaire rapide permet de réduire les séquelles et ainsi d’améliorer la survie des patients. Il est donc important de réduire les délais au maximum, avec une prise en charge spécifique. L’idéal étant d’intervenir dans les 3 h après le début de la douleur et au plus tard dans les 6 h.
Dans quel sens la cardiologie va-t-elle évoluer ces prochaines années, selon vous ?
Dr Franck Haziza : La durée de l’hospitalisation globale raccourcit du fait du recours de plus en plus fréquent aux modes alternatifs de prise en charge, dont l’ambulatoire. L’évolution tend aussi vers le développement de la télémédecine (téléconsultation), de la télé-expertise (échanges et conseils entre experts médicaux autour du diagnostic et/ou du traitement d’un patient), du télémonitoring (objets connectés), ou encore de la médecine prédictive (via l’intelligence artificielle).
Dr Hakim Benamer : L’avenir de la cardiologie interventionnelle sera marqué par le recours de plus en plus fréquent aux techniques interventionnelles structurelles, qui sont de vraies alternatives aux traitements chirurgicaux pour les valvulopathies, à savoir les remplacements valvulaires percutanés (TAVI), pose de MitraClip® et annuloplasties tricuspides. La rythmologie interventionnelle (ablation des troubles du rythme) va continuer à progresser. L’imagerie poursuit aussi son développement. À l’Hôpital Foch, le plateau technique est à la pointe du progrès, avec notamment 3 IRM (plusieurs vacations d’IRM cardiaques dédiées) et bientôt 3 scanners, tandis que nous bénéficions depuis peu d’une 3e salle d’échographie cardiaque afin de satisfaire au mieux les demandes, internes comme externes.